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█ Journal de Bord █ |
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Août 2025
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TEMPS COURT / TEMPS LONG
20 ans Pendant 20 ans, dans le cadre d'un projet artistique, j'ai demandé à des gens de me prélever une bouteille de sable là où ils étaient en se faisant photographier au moment de ramasser et de m'envoyer le tout en me racontant l'histoire de l'endroit de leur récolte. Les sables sont arrivés de partout dans ma boîte aux lettres : des Kerguelen, d'Antarctique, de l'île de Pâques, du Matchu Picchu, du lac Titicaca, de la Station spatiale d'entraînement de la MDRS, etc. Cela a fait le tour de la terre. Scientifiques, artistes, écrivains, gens de toutes les catégories socio-professionnelles, de toutes les nationalités, se sont mis à participer. Des sables m'ont été envoyés d'absolument partout. Aujourd'hui, je possède 1700 prélèvements de toutes les mers du monde. En 2007, j'ai présenté les 100 premiers sables et portraits à l'occasion d'une première rencontre internationale que j'ai pu organiser au Mont-Saint-Michel, au Cellier de l'Abbaye, avec les Monuments Nationaux.
Un cube porté en apesanteur. Au commencement était le grain. Infime particule, vestige d'un monde en perpétuelle transformation. Pendant vingt ans, j'ai mené une quête patiente internationale qui m'a permis de rassembler et de réunir des sables venus des quatre coins de la planète. Plus de 1700 sables rassemblés à cette dynamique méticuleuse, tissant un lien invisible entre des lieux et des cultures éloignés. Chaque grain, porteur d'une histoire géologique et humaine, témoigne de la diversité et de la fragilité de notre Terre.
Ci-dessus : MUXIA, Costa da Morte, 2016, au point de départ de l'Expédition BALTICA ATLANTICA
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Dans ce contexte de mémoire minérale, une autre histoire s'est mise en marche. Une transhumance singulière, celle d'un cube, objet énigmatique rempli de 1000 micros-tubes de sables que j'ai apporté à un Astronaute pour qu'il aille le faire voler en apesanteur dans le cadre de la 111e Mission de l'ESA à bord de l'A300 Zéro-G de Novespace. 1
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Pour fêter l'arrivée du millième prélèvement réalisé par le Physicien Jean-Baptiste RENARD, spécialiste de l'étude des poussières stellaires et cométaires, j'ai fait fabriquer ce cube. Je l'ai rempli de 1000 microtubes cryogéniques contenant chacun 3 ml des 1000 premiers sables. J'ai apporté ce cube à l'Astronaute Jean-François CLERVOY. En 2014, il est allé le faire voler en apesanteur à bord de l'A300 Zéro-G de NOVESPACE dans le cadre de la 111e Mission des vols paraboliques de l'Agence Spatiale Européenne. En 2016, pour organiser la deuxième rencontre internationale pour le projet artistique "Le Solitaire... des marées", plutôt que de faire venir des gens dans un lieu comme je l'avais fait au Mont-Saint-Michel en 2007, j'ai pris la décision de poser ce cube sur ce déambulateur médical et d'aller directement à la rencontre en parcourant l'Europe à pied. Je suis parti de la Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle d'où j'ai effectué le retour des chemins de Saint-Jacques avec ce cube : 18 pays traversés, plus de 90.000 personnes rencontrées, plus de 150.000 photos prises en chemin.
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Les 1000 premiers sables portés en apesanteur par l'Astronaute Jean-François CLERVOY 4
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Ensuite, pendant 947 jours, au rythme lent et méditatif de l'expédition BALTICA ATLANTICA, je suis allé faire voyager ce cube à travers des territoires variés, des rivages atlantiques aux confins de la Baltique. Plus de 15.000 km à pied depuis la Cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle jusqu'aux abords de la Russie. Plus qu'un simple déplacement géographique, un voyage initiatique, une exploration des frontières, non seulement physiques, mais aussi intérieures. Cette transhumance du cube, métaphore puissante, évoque la condition nomade de l'être humain, son besoin constant de se déplacer, de chercher, de comprendre. Le cube, tel un berger guidant son troupeau à travers les saisons, accompagne l'artiste dans sa quête, enregistrant les empreintes du temps et des lieux. Il devient le réceptacle des expériences vécues, un condensé de l'histoire traversée. Cette œuvre, tissée de fils multiples – la collecte des sables, le voyage de l'artiste, la présence silencieuse du cube – interroge notre rapport au monde. Elle nous invite à contempler l'infiniment petit, le grain de sable, pour mieux appréhender l'infiniment grand, l'immensité du temps et de l'espace. Elle nous rappelle que chaque pas, chaque rencontre, chaque grain, contribue à l'édification de notre propre histoire et de l'histoire du monde. "Le Solitaire... des marées" n'est pas seulement une œuvre artistique, c'est une expérience philosophique incarnée, une méditation sur la condition humaine, le voyage, la mémoire et le lien indissoluble qui nous unit à la Terre." Je suis rentré de ce voyage avec plus de 100.000 photos après avoir rencontré plus de 90.000 personnes en chemin. Je vous en souhaite une agréable découverte.
Jean-François AILLET
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Aide à la Géolocalisation ► OpenStreetMap ►GPsies
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