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Jean-François Aillet - Sculpteur / Designer - Projets en cours

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Projet "Le Solitaire... des marées"

Répartition
des collectes
par continents...

"Le Solitaire... des marées"

C'est quoi ce projet ?

1ère
Rencontre Internationale

Mont-Saint-Michel

2ème Rencontre Internationale

Au millième sable collecté...

Propos et projets
Présentation générale

00 - Propos de recherche

01 - Epaisseur de l'eau

02 - Le Glaneur de Cérès

03 - Dialogue

04 - Mélodie pour un sous-bois

05 - Le Solitaire... des marées

06 - La Cour des Amoureux

07 - Saturation

08 - Les Discutants de De Rauïschte

09 - Les Modulateurs

10 - Les Démodulateurs

11 - La Nuit des Princes

12 - Les Gestateurs

13 - Les Plaques

14 - Système NA - Newton Archimède

15 - Spacer - Système ETM

16 - Le Rocher de la Chouette

Dialectique : Quel est le propos de fond et quelles sont les diagonales de réflexion que j’aborde dans la problématique d’un projet tel que « Le Solitaire... des marées » ?

L'espace. L’espace au sens propre et au sens premier du terme. L’espace perçu et considéré comme un tout unique et indivisible en opposition aux continents-îles qui ont succédé à la dérive des plaques pour finir par former des continents-mondes opposés et divisés entre eux alors qu’ils sont contenus dans un même espace cosmologique.
 

Au départ était la mer unique, la mer des mers, de laquelle a jailli le bouillon de l’apparition de la vie sur terre. La vie a émergé de la mer pour passer par le transit du « no man’s land » de friction qu’est l’estran. Transition de la vie de l’espace dynamique au travers des marées vers l’espace statique des continents au travers des plissements géologiques. Passage du « dynamique » au « statique ».
 

Aussi, dans cette dimension, au travers de ma démarche et perception d’artiste, face à la perception du monde contenu et considéré comme une universalité, ce qui m’intéresse en priorité, c’est non pas le plein que l’espace génère mais le vide qu’il engendre. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui a quitté une situation première pour évoluer et transiter vers une situation seconde et comment des liens de mémoire peuvent aujourd’hui continuer à s’entretenir pour qu’il n’y ait pas rupture, au final, d’une perception unique et cosmologique de notre univers-monde, et par là même, de notre perception des mondes qui nous entourent.
 

Les mammifères que nous sommes sont sortis de ce bouillon de culture premier qu’est la Thalassa, mer unique aujourd’hui divisée dans la perception des hommes en océans-mondes et en mers séparatrices des territoires. Dans cette tentative de chercher, dans un premier temps, à présenter le projet « Le Solitaire... des marées », dans un second temps, à le proposer, dans un troisième temps, à peut-être trouver au final des interlocuteurs qui me permettront de le mettre en oeuvre et de le réaliser, mon propos est d’essayer de rétablir et de mettre en exergue une vérité commune et universelle à tous les êtres de cette planète, tant pour maintenant que pour les générations futures, qui est de dire : « Nous sommes tous embarqués sur un même navire, sur une même planète-mer qui est unique et indivisible et de laquelle nous ne pouvons continuer à émerger que dans une perspective commune sans quoi nous allons nous perdre ».
 

Aussi, est-ce pourquoi je travaille, au travers de ce projet, sur la dimension de la mémoire et sur la dimension même du temps. Le temps cosmique et universel, celui qui est la juste origine et la cause initiale de ce « vibratoire » que sont les marées et qui nous ramène au Tout cosmologique et à lever la tête pour nous rendre compte que nous vivons et que nous évoluons dans un environnement systémique complexe dans lequel nous sommes inclus, autant dans notre espace de vie en milieu urbain que dans nos espaces de vie politique et sociologique.
 

Cela m’a amené à considérer la chose suivante : l’espace vide est à l’intérieur. L’espace vide est à l’intérieur des choses autant qu’en nous-mêmes. S’il était à l’extérieur, quelles limites et quelles frontières aurions-nous pour le délimiter ? Sans frontière, pas de limite, sans limite pas d’espace et sans espace : néant, vide ou plein ? C’est en ce qui me concerne le vide qui m’intéresse et qui m’interpelle, le vide et son état vibratoire.
 

Je suis sculpteur, je travaille donc sur cette dimension qu’est l’espace : sa teneur, sa perception, son énergie et ses énergies, considérant que nous évoluons dans un monde premier qui est, avant toute chose, vibratoire et qui par conséquent met les choses, les événements et les situations en interrelations et en interactions les unes par rapport aux autres et dont nous, êtres humains, faisons partie au même titre que le plancton.
 

L’espace n’est pas vide puisque nous l’occupons. Par voie de conséquence, l’espace vide doit être plus à l’intérieur des choses qu’à l’extérieur, avec en extension et par extrapolation la dimension résultante du vide, de l’oubli et la déperdition d’une « traçabilité » des situations de cause à effet : d’où mon intérêt pour la « Mémoire ». Mémoire collective, mémoire universelle, mémoire cosmologique inscrite dans les gènes de chaque humain autant composé de poussières d’étoiles que du « vibratoire » qui nous a fait passer de l’espace dynamique de la mer à l’espace statique des continents dérivés devenus des continents-mondes opposés.
 

C’est une dialectique de fond. Aussi, partant de cette base, il m’intéresse dans ma démarche d’artiste et de plasticien, en regard de notre océan-monde, de mettre en valeur et en exergue toute cette dimension des énergies sous-jacentes : percevoir le vide comme chargé d’un quelque chose, c’est supposer l’espace comme ayant une capacité énergétique vibratoire rémanente et rayonnante qui agit sur le Tout.
 

Aussi, ai-je abordé ce projet « Le Solitaire... des marées » selon un angle précis pour le faire entrer dans le vif du sujet qui m’interpelle. J’ai considéré, face à la dimension européenne naissante, qu’il était important de reposer des jalons de mémoire entre ces deux continents, de l’autre côté de l’Atlantique, afin de chercher à rétablir le lien fortement ancré qui existe entre la population européenne déracinée en Amérique du Nord et la vieille Europe. Pour cela, j’ai considéré que la mer était le meilleur vecteur de liaison possible et envisageable pour garder et entretenir ce lien de mémoire des territoires séparés. J’ai pris en référence un point de repère arbitraire mais générique selon notre époque, j’ai choisi le point de départ de la découverte du Canada par Jacques Cartier en route vers la route des Indes, Saint-Malo, pour proposer d’implanter une « borne-mémoire » en Amérique du Nord. Il me fallait, pour rester dans le réel d’une proposition, choisir un symbole fort, j’ai donc décidé de choisir celui-là plutôt qu’un autre, quand bien même il serait tout autant possible de proposer ce projet ailleurs dans le monde. J’ai imaginé qu’il était important d’établir, en regard des flux migratoires importants depuis la vieille Europe vers le Québec, une dimension perceptive de l’espace que représente cette vieille Europe pour les descendants des populations émigrées. Aujourd’hui vivent en Amérique, mais c’est vrai partout ailleurs, des êtres qui se sont déracinés de la vieille Europe, qui en sont à plusieurs générations successives de déracinement et pour qui les racines, la quête des racines, l’entretien de la mémoire, sont des choses importantes. Par conséquent, j’ai choisi de proposer ce projet « Le Solitaire... des marées » en m’intéressant à la mémoire collective de la population nord-américaine québécoise.
 

Qu’est-ce à dire et à formuler ? Un jour, j’ai rencontré une grande critique d’art internationale à qui j’ai rapidement expliqué ma démarche. Sa réaction a été aussitôt de me dire : « Mais vous faites un art racial ! ». J’ai été très surpris de cette réaction, là où mon propos est de parler d’universalité au travers d’un matériau, la mer, et de la mémoire de la mer. Cette critique d’art était anglaise. J’ai pris conscience là à ce moment de l’importance des charges symboliques face aux territorialités. Historiquement, le Québec a été découvert par Jacques Cartier, mais ensuite les Britanniques ont pris le pouvoir des territoires : divisions/séparations. Voilà nos continents-mondes de plus en plus tectoniques, d’où l’importance de restituer les origines communes : la mer.
 

Jacques Cartier est un prétexte. Ce qui m’intéresse, c’est d’apporter la mer et la mémoire de la mer à l’intérieur des terres, au coeur de l’urbain, là où vivent à présent des êtres qui ont en commun un fait qui les rassemble : un jour ils se sont déracinés. Quel souvenir, quelle trace, quelle évocation du lieu d’origine entretiennent-ils dans la mémoire à la fois individuelle et collective ?
 

Le philosophe Michel Foucault s’entretenait sur la dimension des « Espaces autres » qu’il a classé de la façon suivante : utopiques et hétérotopiques. Venise est un espace symbolique important partout dans le monde pour tous les amoureux. Pour les Québécois, Saint-Malo fait figure d’une Venise. Pourquoi ? Parce que c’est le point de départ de leur existence. Il est symbolique mais, culturellement, nul Québécois ne viendrait un jour en Europe sans faire ce petit détour pour aller voir cette terre de leurs origines. Aussi, apporter un point symbolique, un monde-mer, un phare à terre qui restituerait dans la mémoire collective québécoise la mémoire de la mer de ce point de transition, tout comme la vie qui s’est mise à transiter de la mer vers la terre, me semble être un vecteur prioritaire et important face aux divisions de notre époque.
 

Ainsi, « Le Solitaire... des marées » est-il un pulsar. Il a une énergie, elle est vibratoire. C’est l’énergie de la mer et donc de la vie. En entretenir la mémoire via ce projet d’une mémoire marégraphique universelle quotidiennement suspendue dans l’espace et renouvelée à chaque marée ne peut être qu’un acte fédérateur extrêmement pacifiste et positif pour la mémoire collective.
 

Voilà dans les grandes lignes ce qu’un sculpteur peut traduire de son intention d’agir et de construire. Si j’ai une chose à faire sur cette terre, c’est la réalisation d’un tel projet. Si j’arrive à le réaliser, alors je pourrai dire que ma vie aura été remplie. C’est un petit projet en regard de bien des choses qui peuvent se réaliser dans le monde. Par contre, de par sa symbolique et de par son universalité, cela le propulse au rang de ce que l’on appelle une oeuvre d’art. « Le Solitaire... des marées » est une oeuvre d’art, et en tant que telle, elle est destinée à rayonner et à s’adresser à tous les êtres de cette planète. Son rayon d’action est non pas celui d’une vie mais celui de plusieurs générations d’êtres. Voilà pourquoi je m’acharne tellement à essayer de réaliser et de finaliser ce projet tant il dépasse mon petit humain.
 

Dans ce processus de proposer un projet, en situation intermédiaire, tel un avant-projet dans le projet, je vais maintenant embrayer et essayer de collecter et rassembler les sables des mers du monde pour constituer le dallage du parvis du "Solitaire... des marées".
 

 

Présentation générale

Lire l'article publié dans le n° 463 de La Revue Maritime

 

 

COMPLEMENTS
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Développement en images

 

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